Le samedi 1er août 1914, tous les clochers de France sonnent le tocsin pour annoncer la mobilisation générale. Tous les hommes âgés de 21 à 45 ans sont incorporés. Les plus jeunes dans l’armée active ou sa réserve, les plus âgés dans les régiments territoriaux ou leurs réserves mais très vite il n’y eut plus de différences entre ces corps de troupes. En majorité paysans, certains ne parlent que le patois de leur région. Ils partent sans finir les moissons avec l’espoir de revenir rapidement en laissant bien des femmes seules, à s’occuper des fermes avec la charge des vieillard et des jeunes enfants.
La guerre 1914-1918
Chacune des deux communes souffre de l’arrivée de l’envahisseur et paye un lourd tribu. Raon l’Étape et La Neuveville défendues par son bataillon de Chasseurs et autres sont malgré tout investies par les troupes allemandes le 24 août 1914 à 22 heures. La nuit la plus tragique sera celle-ci où à l’extrémité du faubourg de Lunéville (avenue Général de Gaulle) à Raon l’Étape éclatent les premiers incendies. Cinq à six maisons sont touchées et le feu se propage dans différents points de la ville. Un combat de défense commence alors dans les rues aux premières heures du 25 août avec la 13ème Division du 21ème Corps. Mais ce qu’il ne peut pas faire par un assaut de front, les allemands grâce à leur nombre, l’obtiennent par une attaque après avoir contourné la ligne de la Meurthe en passant cette rivière au pont de Thiaville-sur-Meurthe (54). La rive gauche est envahie où les allemands se livrent puis commence un pillage effréné dans les rues. La même journée à La Neuveville-lès-Raon, le 21ème bataillon de Chasseurs à pied chargé de la protection des ponts des Châtelles et du chemin de fer, repousse toutes les attaques ennemi.
Du 23 au 26 août 1914, la 1ère compagnie des Chasseurs Forestiers du 21ème se trouve à Raon l’Étape avec ses trois premières sections. Cette compagnie joue le rôle le plus actif en défendant les ponts de la Meurthe. Dans cet engagement, le lieutenant HUDAULT, les chasseurs JULIEN, LECOMTE, NOEL, RIBOULOT et VILLEMIN sont blessés, le chasseur JACQUOT est tué. A à la passerelle (des Oualous) de La Neuveville, la défense est confiée par le capitaine au caporal BARNIER et à neuf hommes de son escouade : BERNIER, BIESSOU, BURTIN, DEVAUX, HUMBERT, PAVEM, PIERRON, PETIT-DEMANGE et RIBOULOT. Après avoir mis en état de défense la maison qui se trouve en face de cette passerelle, les chasseurs réussissent à repousser à plusieurs reprises les allemands qui cherchent à s’approcher. Dans la soirée, le groupe de défenseur est renforcé par un sergent, et six hommes du 21ème B.C.P. Les chasseurs forestiers ne quittent leur poste que sur l’ordre d’un capitaine du 20ème bataillon dont la compagnie se trouve déployée en tirailleurs dans le fossé de la route faisant face au canal d’alimentation de la scierie LECUVE. L’ennemi occupe l’autre rive sur une longueur d’environ un kilomètre. C’est en se repliant sous un feu intense que le chasseur forestier RIBOULOT est blessé et JACQUOT tué.
Le 25 août alors que la bataille fait rage car l’on se bat depuis 5 heures du matin, les allemands veulent s’emparer du pont de la Meurthe et le traverser. Il y parviennent en début d’après-midi. 22 civils sont tués pendant le combat. La rue Thiers (Charles Weill) est le théâtre de ces premières luttes. C’est là qu’intervient le capitaine INGELAR. Il tient position durant des heures. Vers 13 heures, la lutte est devenue si rude que la crête est perdue. Le 21ème est obligé à la retraite mais ne quitte le terrain qu’après avoir assuré le repli de l’artillerie d’appui à la suite d’un combat de rues des plus acharnés. La compagnie est accumulée sur les roches Saint-Blaise et la côte de la Cheville. Le capitaine INGELAR est frappé par un projectile alors qu’il est à la tête de ses troupes. Il es soigné dans une maison du village de Saint-Blaise par mesdames BIRKER Andrée et LITIQUE, infirmières improvisées. Malheureusement, il décède le 26 août 1914. Les honneurs militaires lui sont rendus et son corps est déposé à l’ombre de la chapelle du hameau où il repose aujourd’hui.
1ère compagnie des Chasseurs Forestiers
La première compagnie de Chasseurs Forestiers est formée à Épinal le 4 Août 1914 par le rassemblement des préposés forestiers de 25 à 48 ans, exerçant en temps de paix leurs fonctions administratives sur le territoire de la 21ème Division , hommes du 21ème bataillon de chasseurs à pied. Cette unité comprend à l’origine 4 officiers : un capitaine commandant (capitaine HATT), un capitaine en second (capitaine BAUDEMENT), un lieutenant en premier (lieutenant HUDAULT), un lieutenant en second (lieutenant DESCHASEAUX), 7 sous-officiers, 10 caporaux, 220 chasseurs, pour la plupart anciens sous-officiers ou caporaux de l’armée d’active.
ROLE – Dès sa formation, la 1ère compagnie de Chasseurs forestiers est affectée au 21ème Corps d’Armée ; elle suit l’état-major de ce corps dans tous ses déplacements, fournissant sentinelles et plantons au P.C ou au Q.G. Elle monte la garde aux issues des cantonnements, elle contrôle les laissez-passer, elle assure la garde des prisonniers pendant leur passage aux postes d’examens, elle les convoie sur l’arrière, elle exerce constamment un rôle de police, concurremment avec la prévôté aux Armées. Enfin, pendant le mois d’Août 1914, notamment du 23 au 26, elle joue le rôle le plus actif, en participant à la défense des ponts de la Meurthe.